Projets européens en Lorraine : OtéCA
Vos deux centres EUROPE DIRECT de Lorraine partent tous les mois à la rencontre des porteurs de projets européens du territoire. Ce mois-ci, nous vous proposons de découvrir le projet OtéCA porté par le Centre Hospitalier Régional Universitaire et soutenu par le fond FEDER.
Découvrez l’interview de l'équipe porteuse du projet.
Infographie
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Entretien avec Medhi El Siaghy Directeur Recherche et Innovation au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nancy, Erwan Salque, Directeur de l’activité Télémédecine au sein du groupe Equasens» et Nicolas Reibel, Chirurgien viscéral et digestif autour du projet « OtéCA" , qui vise à améliorer la prise en charge des patients atteints d’obésite pre et post chirurgie bariatrique.
Qu’est-ce que la chirurgie bariatrique ?
La chirurgie bariatrique ou chirurgie de l’obésité regroupe plusieurs types d’interventions (court-circuit gastrique ou by pass gastrique, sleeve, anneau gastrique, duodenal switch) qui associées à une prise en charge multidisciplinaire permettent de soigner les patients atteints d’obésité sévère (IMC > 40kg/m2 ou IMC > 35 kg/m2 avec des co morbidités sévères associées à l’obésité comme le diabète de type II, l’hypertension artériel, le syndrome d’apnée du sommeil, les dyslipidémies, la NASH…). Cette prise en charge permet au patient de perdre du poids mais surtout de maintenir la perte de poids perdu et d’améliorer sa qualité de vie et son espérance de vie. La décision d’opérer est validée par l’ensemble de l’équipe pluri professionnelle qui prend en charge le patient. Ce travail s’engage dans la durée puisqu’il faut compter au moins six mois à un an de préparation avant l’opération.
Ces interventions chirurgicales modifient l’absorption de certaines vitamines et de nutriments dont les conséquences peuvent être graves, elles peuvent également entraîner des conséquences psychiques graves (dépressions, bascule addictive…), il est donc essentiel que les patients opérés soient suivis à vie après leur intervention par l’équipe multidisciplinaire.
Quel est l’objectif principal du projet ?
L’objectif principal du projet « OtéCA » est de réduire le nombre de patient perdus de vue après leur intervention, d’améliorer la qualité du suivi post opératoire et de personnaliser le rythme du suivi à l’aide d’une solution numérique. Les patients ayant bénéficiés d’une chirurgie bariatrique nécessitent un traitement au long cours et un suivi à vie. Le projet englobe plusieurs dimensions : psychologique, nutritionnel, activité physique pour améliorer le suivi médical et ce, en développant une solution numérique. L’objectif est de repérer grâce à l’algorithme les patients à risque d’échec et de personnaliser leur suivi.
D’où est né la volonté de mettre en place ce projet ?
Le projet est né de la volonté des médecins de disposer d’un outil pour suivre les patients, c’est un enjeu de santé publique majeur. En 2016, en France, on a compté près de 60 000 opérations bariatriques par an selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques. Ces chiffres augmentent d’année en année (le nombre d’opérations a été multiplié par 20 en 20 ans).
Quels sont les autres objectifs du projet OtéCA?
En proposant un accompagnement global et dans la durée, l’objectif est aussi d’éviter que les patients aillent se soigner ailleurs (dans des pays qui pratiquent ce type d’opérations à faible coûts mais qui ne permettent pas un suivi et une vérification de l’observance des traitements). Le projet « OtéCa » permet ainsi de sécuriser l’accès aux soins.
Le projet a aussi une dimension d’éducation thérapeutique. C’est un dispositif extra-hospitalier qui permet au patient d’être acteur de sa maladie. C’est un projet d’actualité car de nombreux patients opérés d’une chirurgie bariatrique sont aujourd’hui « perdus de vue ».
L’objectif est aussi d’éviter d’arriver à des situations d’urgence et d’anticiper d’éventuelles complications et de les prendre en charge rapidement et de réduire leur gravité.
A quoi sert la télésurveillance ?
L’objectif de l’utilisation de la télésurveillance est multiple :
- Réduire le nombre de « perdus de vue »
- Prévenir les risques d’échec
- Alerter en cas de complication
- Adapter le rythme des consultations
- Aider à la prévention des carences (stimuler l’observance des traitements)
Comment s’effectue aujourd’hui le suivi des patients ?
Le suivi d’un patient de chirurgie bariatrique est de 4 fois par an la première année, puis deux fois par an la deuxième année puis est espacé à une fois par an.
Comment fonctionne la télésurveillance ?
La télésurveillance permet de réduire les risques préopératoires et post-opératoires. Elle permet également le recueil mensuel d’informations pour le suivi au long cours. La télésurveillance avant l’opération sert de référence et à l’évaluation initiale des risques : perte de vue, reprise des troubles du comportement alimentaire, bascule addictive et décompensation dépressive. Sont ainsi mesurés, à l’aide d’une échelle d’évaluation, l’activité physique, la maîtrise de soi, l’état d’esprit et le poids. Ces indicateurs complétés par les patients, servent à dessiner des tendances (et non à recueillir des données chiffrées).
Elle sert avant tout à compléter les informations pour identifier les risques qui pourraient devenir graves et permet de s’assurer de l’observance du traitement par les patients.
Quel est l’intérêt pour les patients ?
Cette solution numérique n’est pas seulement un outil pour une utilisation exclusive des médecins, elle permet à la fois d’alerter le patient (si des examens n’ont pas été réalisés) et de les rappeler à les faire mais elle sert aussi à un retour d’information vers le patient sur les valeurs saisies et permet ainsi de leur délivrer des conseils.
Où est en le projet ?
Le projet est en cours de développement (il a démarré en mai 2022). Une maquette a été validée puis l’algorithme de suivi sera validé d’ici à la fin de cette année. La phase 2 sera l’étude clinique sur sujet pour en prouver l’efficacité économique.
Comment le projet a-t-elle été financé ?
Ce projet qui relève de l’innovation a été intégralement financé par l’UE à travers le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER). Le projet bénéficie du dispositif santé de REACT-UE qui permet de prendre en charge l’intégralité du coût total du projet soit 399 900€.
En effet, dans le cadre du plan de relance européen « NextGenerationEU », pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire, une enveloppe supplémentaire a été octroyée aux programmes européens 2014-2020 (FEDER, Fonds Social Européen et Fonds Européen d’Aide aux plus Démunis) au titre de l’initiative REACT-UE. Cette enveloppe financière a pour but d'apporter un soutien financier à des porteurs de projets pour contribuer à la relance économique. Contrairement à la règle du cofinancement, les projets sélectionnés dans le cadre de l’initiative REACT-UE peuvent être financés à 100% par des crédits européens (éligibilité des projets à partir du 1er février 2020 et réalisation d’ici au 31 décembre 2023).
Est-il facile d’avoir recours à ce type de financements européens ?
Le temps à consacrer au projet est assez important, les fonds du plan de relance européen doivent aussi être mobilisés d’ici au 31 décembre 2022. Cela nécessite une grande réactivité et un travail conjoint avec le médecin à l’origine du projet, Nicolas Reibel et les équipes techniques d’Equasens. La disponibilité des équipes qui gèrent les fonds européens au sein de la Région Grand Est est également à souligner.
Merci beaucoup pour cet entretien, nous espérons que ce projet sera une belle réussite !
Porteurs de projet :
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Medhi El Siaghy Directeur Recherche et Innovation au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nancy
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Erwan Salque, Directeur de l’activité Télémédecine au sein du groupe Equasens»
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Nicolas Reibel, Chirurgien viscéral et digestif