Projets européens en Lorraine : Rencontre franco-roumaine de jeunes agriculteurs

Vos deux centres EUROPE DIRECT de Lorraine partent tous les mois à la rencontre des porteurs de projets européens du territoire. Ce mois-ci, nous vous proposons de découvrir le projet Erasmus + de rencontre de jeunes franco-roumaine porté par l’Association Part’ageS et par les lycées agricoles de Bar-le-Duc (55) et de Pixerécourt à Malzéville (54).

Découvrez l’interview de Maïté Guillot, porteuse du projet.

Infographie Février 2023 FB

Infographie

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Infographie février 2023 CRISTEEL

 

Nous rencontrons aujourd’hui Maïté Guillot, présidente de l’Association Part’ageS et professeure documentaliste au lycée agricole de Pixerécourt à Malzéville.

Bonjour, pouvez-vous nous présenter le projet en quelques mots ?

Il s’agit d’un échange Erasmus+ entre des élèves de lycées agricoles français et roumains qui a eu lieu en 2022 avec 12 élèves français, Isabelle Arnaud, professeur de génie-alimentaire à Bar-le-Duc, Liana Moldovan, professeure de français au lycée agricole de Seini en Roumanie, et moi-même.

Quel était l’objectif de cet échange de jeunes ?

La coopération internationale est une mission à part entière de l’enseignement agricole, au même titre que la formation, l’insertion ou l’expérimentation. Pourtant, on pouvait observer une montée de l’intolérance sur le territoire, nous voulions donc faire quelque chose de concret pour que les jeunes changent de regard , et mettre en avant la minorité de jeunes ouverts sur l’étranger.

Nous nous sommes concentré sur la thématique de l’agroécologie, autour de la question « comment produire et consommer autrement ? », car c’est cette jeunesse qui va nous nourrir demain. En France et en Roumanie nous partageons des mêmes similaires, mais avec une grille de lecture différente.

Enfin, nous voulions favoriser la rencontre avec l’autre, car les jeunes ont une telle habitude des écrans que l’échange réel semble parfois les intimider.

Comment le projet a-t-il pu se concrétiser ?

Ce n’était pas facile au niveau des établissements car les échanges européens sont perçus comme compliqués à mettre en place. Nous avons donc créé l’Association Part’ageS avec des jeunes et une partie de l’équipe éducative du lycée agricole de Bar-le-Duc pour pouvoir porter ces projets.

La recherche de fonds avec les élèves a permis un premier départ en Roumanie avec 5 jeunes en avril 2017. Nous avons collaboré avec l’association locale Gradinitsa, et nous avons eu une première prise de contact avec le lycée agricole de Seini, ce qui a jeté les bases pour le second projet.

Nous avons ensuite déposé un dossier Erasmus+ qui a été retenu au deuxième essai. J’ai été mutée à Pixerécourt pour des raisons personnelles mais le lien a été maintenu. Le projet a dû être reporté à cause du covid, mais il a enfin pu se concrétiser en 2022 avec 7 jeunes de Bar-le-Duc et 5 de Pixerécourt. En réalité c’était déjà très intéressant de faire collaborer des jeunes entre les deux départements !

Quelle était l’implication des jeunes dans la construction du projet ?

Dans l’association nous voulions que tous les rôles (présidence, trésorerie, etc) soient doublés par des élèves. Les participants ont été choisis sur la base de leur motivation, de leur sérieux et de leur engagement. Nous voulions qu’ils puissent se questionner sur ce que cela signifie d’être engagé aujourd’hui.

Les jeunes sont souvent très sévères envers eux-mêmes. Ils pensent souvent qu’ils n’en seront pas capables. Finalement les liens se sont noués facilement et les jeunes ont organisés des activités sur les temps libre de manière spontanée. Ils se sont organisés avec des messageries communes, dans un véritable esprit de réciprocité.

Quelles activités ont réalisé les jeunes au court de l’échange ? Quels ont été les temps fort de la rencontre ? 

En avril 2022 les élèves Roumains sont d’abord venus nous rendre visite. Les élèves français étaient ravis de les recevoir. Ce fut une semaine formidable, sur les thèmes de l’agroécologie, de l’agroforesterie et de l’éco-citoyenneté. Nous avons surtout fait des visites de terrain et échangé sur nos différences culturelles. Il y a eu des moments de travail formel mais aussi beaucoup de moments informels encore plus précieux.

Le voyage en Roumanie a encore dû être reporté à cause du conflit ukrainien car l’établissement n’est qu’à 60km de la frontière avec l’Ukraine. C’était loin d’être facile car certains jeunes avaient trouvé un emploi ou un stage. Nous sommes finalement partis du 1er au 10 septembre 2022 pour un séjour exceptionnel encore une fois.

Qu’ont appris les élèves au court de cet échange ?

Il existe en Roumanie des principes similaires mais des manière de faire très différentes, même au niveau des enseignements. L’agroécologie n’y est pas aussi répandue, quand on parle de « produire autrement », là-bas ils s’agit déjà de produire tout court ! On y vient surtout par le biais des questions économiques, lorsque produire de manière écologique coûte moins cher que d’utiliser des produits phytosanitaires.

C’est une région ultra-polluée, avec l’impact d’anciennes mines qui reste encore aujourd’hui catastrophique. La jeunesse locale en hérite mais la question demeurant quelques peu tabou. D’un autre côté, c’est également une région très protégée, avec des forêts quasiment primaires. Il y existe une autre relation au monde animal, moins conflictuelle qu’en France.

Qu’est-ce que cette rencontre a apporté aux jeunes ? A leur parcours ? 

Tous les collègues ont remarqué à quel point les jeunes avaient changé. Cette rencontre leur a donné une énorme ouverture et un gain de confiance en soi important, ainsi que l’envie de reprendre son parcours en main pour certains. D’autres sont revenus avec plus d’optimisme par rapport à l’avenir et une envie d’apprendre renforcée. Actuellement, au moins 5 ou 6 parmi eux ont de nouveaux projets de mobilité.

Lors du recrutement, en tel engagement fait une grosse différence. Chacun a obtenu un Youth Pass, un certificat européen qui valide l’expérience et les apprentissages acquis.

Au-delà des apprentissages formels, les jeunes que nous avons suivis pendant plusieurs années ont noué des liens et vécu des moments de vie décisifs, ainsi que des moments de réflexion sur les opportunités que nous avons en France. Ils ont gagné en empathie et portent un nouveau regard sur l'étranger.

A quelle hauteur l’Union européenne a-t-elle cofinancé ce projet ? 

Le programme Erasmus+ nous a accordé 25 000 euros, ce qui a couvert l’ensemble des dépenses : hébergement, transport, repas, et activités. Cela a permis d’ouvrir la participation à des jeunes qui n’auraient pas pu partir autrement.

Ce projet va-t-il donner l’impulsion pour d’autres projets à l’avenir ?

Le lycée agricole de Pixerécourt est en court de labélisation pour coordonner et recevoir des jeunes volontaires européens (label LEAD du Corps Européen de Solidarité). Avec des volontaires présents au quotidien le regard des jeunes sera changé et davantage d’élèves pourront envisager une mobilité. Nous souhaitons aussi permettre aux élèves de faire des stages à l’étranger, au lycée de Seini et ailleurs, et recevoir des stagiaires étrangers en retour.

L’enseignement agricole a tout pour ce genre de mobilité, nous faisons donc tout pour offrir le plus d’opportunités possibles aux élèves !

Merci beaucoup pour cet échange et ce beau projet ! 

Porteur de projet : 

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